L’œuvre d’art est une présence, une présence perpétuée. Son auteur sait-il même, saurait-il ce qu’il y a mis ? Il l’y a mis, visible, manifeste, et cela suffit. Si le spectateur ne fait pas un effort réciproque vers l’artiste, il n’identifiera dans sa création qu’un plagiat du réel et il n’y cherchera que ce qui ressemble au connu, au déjà vu. Mais s’il fait effort, il découvrira qu’elle comporte deux lectures « Ce qu’elle représente : le connu – Ce qu’elle signifie : l’inconnu ». Alors il ira vers cet inconnu, il y sentira le message d’une autre existence, autre et presque toujours plus riche que la sienne. Il y percevra la main tendue d'un muet qu'il faut prendre et serrer pour en recevoir la chaleur. Il y pressentira l’offre d’une expérience humaine. L’offre de toutes les expériences humaines les plus valables, les plus riches, les plus hautes. Il y saluera l’occasion de s’élargir au-delà de ses propres limites, d’être à la fois soi et autrui, d’être un homme véritable, en un mot.
René Huyghe
(Historien d'art français - Né à Arras en 1906)
Stéphanie-Murielle,
Commissaire.